Voilà des semaines que Zalina avait quitté Marchiennes pour retrouver la Normandie et ses allers-retours à Paris. Des semaines que le Grand Maistre et Sa Dame étaient époux et femme. Il en avait fallut du temps pour ces deux là. Mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais.
L’amnésique les avait laissée en famille.
Aujourd’hui, elle revenait en domaine de son Maistre et de la Comtesse avec toute sa tête et ses idées suicidaires.
Beaucoup de choses avaient changées depuis son retour de la mémoire. La petite fille souriante et obéissante avait cédé la place à une jeune femme déterminée et teigneuse. Les chignons et jolies robes faisaient place à des cheveux en bataille vaguement retenus en queue de cheval par une bande de tissus aussi noire que sa chevelure et son humeur, une chemise qui avait été blanche et neuve il y a des années et des braies tout aussi récentes et entretenues.
Les jolies rêves de princesses et princes charmants avaient également disparus au profit de la certitude que sa seule place se trouvait au fond d’un cercueil, oublié dans un quelconque coin de catacombes.
C’est donc une jeune femme sombre et le visage fermé qui s’arrêta à l’entrée du domaine. Sans descendre de sa jument percheronne, elle héla le garde qui devait encore être en train de courir après une servante.
Heho ! Y a quelqu’un ?
J’viens chercher le couple de Frisons que sa Grandeur De Jeneffe a offert au Haras Royal.
Inutile de le déranger. Ni sa Dame. Ils ont surement autre chose à faire. Je récupère les chevaux et je repars de suite.
Et surtout, la nouvelle carapace était encore bien fragile. Trop fragile pour risquer un tête à tête avec des proches. Une fois les entrées totalement scellées, les portes verrouillées hermétiquement, elle pourrait tenter une discussion, en espérant qu'aucune pierre ne frémisse. Pour l'heure, la forteresse ressemblait plus à un château de cartes, pour peut que l'on prenne le temps de gratter un peu.