[Mariage] Le banquet

Ce fut donc un Blackney rayonnant, tout fier, tout plein d'un sentiment d'immortalité (toute relative quand même) qui s'afficha a la table. Les convives tournèrent un instant la tête vers lui puis tel une explosion, la lumière divine qui s'était emparée de lui s'était brusquement tue, réduite a un feu interieur tout dédié a son amour.

-Ma tendre, je ne veux que toi. parvint il a articuler. Macher devenait difficile... En fait il faisait chaud... Et si... non pas déja!

-Cela te dirais t il un peu de boisson pour raffraichir cette atmosphère ma belle? dit il en tendant le pichet de vin...

- Bien sur que tu peux... Voix masculine qui s'éleve dans le dos du jeune garçon alors qu'une main vient ébourrifer la chevelure enfantine. Tu peux prendre tout ce qu'il te plaira. Et ton oncle n'aura rien à dire sinon il aura à faire à moi sourit le jeune époux tout en adressant un clin d'oeil à son frere d'arme.

Le banquet s'était poursuivi, dans la bonne humeur, malgré les circonstances. De trop rares éclats de voix, pourtant, avaient traversé la salle, comme si le maître des lieux avait été ailleurs. Peut-être était-il déjà ailleurs, à songer à la nuit de noce, à la guerre de Bretagne qui s'annonçait, à la durée de ce bonheur entre les deux nouveaux époux, à tant d'autres choses encore. Mais, hélas, il allait lui falloir clore ce banquet, et avec lui les réjouissances.

Tout achever pour revenir dans le monde réel. Quitter la fantasmagorie du pas d'armes. Quitter les flons-flons et les courtoises paroles. Quitter les pourpoints colorés et les mises élégantes. Rejoindre le choc des épées. Rejoindre les vêtements cloutés et les armures de plates. Rejoindre le bruit du métal et du bois fracassés. Et rejoindre les Bretonnes, qui, malgré leurs métalliques efforts, ne sont jamais parvenues à le retenir à la pointe occidentale de la France.

Aussi, après un doux sourire à sa Dame, se leva-t-il et, d'une voix claire et puissante, s'adressa-t-il aux convives: "Belles amies, valeureux amis. Je tenais encore une fois à vous remercier de votre venue ici. Vous compter parmi mes proches est de loin la plus belle bénédiction qui m'a été faite depuis... celle qui m'a uni à la régente du Rouergue. Ce qui fait court, somme toute" dit-il dans un petit rire. "Mais si je prends la parole, c'est également pour que soient célébrés les vainqueurs des différentes épreuves tenues lors de ce mariage. Comme vous avez pu vous en rendre compte, la course de barques n'a pu être tenue, le courant étant par trop rapide. Je n'eus aimé avoir à voir la rivière bloquée par vos corps...

Par contre, le concours de tir à la corde fut, lui, bien organisé, même si la participation fut des plus faibles. Mais comme le hasard fait bien les choses, c'est le Léopard du Rouergue qui a vaincu le Lion de Jeneffe, comme sa porteuse me vainquit il y a de cela quelques mois."

Guillaume laissa alors quelques secondes se passer, afin de laisser place aux applaudissements, et d'en profiter pour se rincer la gorge...

"Ensuite vint le tir à l'arc, qui a vu triomphé une gente dame, mainoise de surcroît. Je demande donc à dame Elissar d'Ambre, dame de Colombe-près-Vernon, de s'avancer."

Enfin elle s'était avancée. Sourire du Flamand vers son amie. Rencontrée, elle aussi, lors d'épisodes troublés, les visites printannières du Maine et de la frontière bretonne si vous voyez ce que je veux dire, elle avait rapidement gagné la sympathie du baron des lieux, à qui elle le rendait bien, à dire vrai. Aussi était-ce vraiment heureux qu'il l'accueillait. Voir une amie de longue date couvrir les centaines de lieues les séparant, que peut-on espérer d'autre? Pour Guillaume, en ce jour, rien. 'Fin si, une chose, mais ça, on le réserve aux deux tourtereaux... Je vous fais pas un dessin... Si? Rooooooh les coquins...

Bon, c'est pas tout ça mais on a un récit poursuivre nous...

Le baron, maintenant comte, reprit donc la parole: "Mes amies, mes amis, vous ne connaissez peut-être pas tous la dame qui vient aujourd'hui de s'imposer au tir à l'arc. Dame Elissar fut de nombre de combats en Maine. Et même si rejoindre les marches bretonnes ne fut pas toujours une joie" Ombre fugitive d'un chevalier breton disparu sur les rocs normands "le fait d'y retrouver des amis fidèles et dévoués à la cause que nous savons juste, le fait de leur sourire à l'aube du combat, furent tant de cadeaux qu'elle m'offrait lors de nos guerrières rencontres.

Mais aujourd'hui, c'est à moi de la féliciter. Pour le talent dont elle a fait preuve l'arc à la main en Marchiennes, surpassant en vitesse, rapidité et précision, comme nombre de fessiers bretons doivent encore en porter les traces, elle a triomphé de ses redoutables compétiteurs.

Aussi va-t-elle recevoir, de mes mains, le trophée de ces festivités."

Finissant sa phrase, le Flamand se retourna, pour recevoir une large chose d'un valet. Refaisant ensuite face à son amie, il lui tendait un arc de bois blanc, ses branches se recourbant, vrillées de traits d'aciers, pour déboucher aux poupées, deux fleurs de lys dorées retenant une corde dorée elle aussi.

- Mon amie, voici ton présent pour ta victoire, je suis heureux de te l'offrir et sais qu'il sera chez toi comme auprès du plus précautionneux des archivistes.

Et il laissa le présent et sa propriétaire faire connaissance...

Elle ne lui avait pas laissé le temps de réagir. Déjà elle voulait tester cette arme de parade. Guillaume craignait le pire car si l'artisan qui lui avait fourni ce trophée jouissait d'une réputation certaine, il savait aussi que jamais il n'avait réfléchi à en faire une arme efficace. Une flèche qui part en vrille et finit par percer quelque pourpoint ou par déchirer une robe cela ne serait pas des plus... convenables.

Mais l'archère du jour semblait ne guère se soucier de cela, et c'est avec une précision remarquable qu'elle ficha ses flèches dans le mur du castel. Guillaume ne se serait pas privé de la tancer à ce sujet s'il n'était de si joyeuse humeur et si elle ne l'avait gratifié d'une bise rapide et amicale.

Reprenant peu à peu ses esprits, le baron laissa s'écouler quelques minutes avant de poursuivre.

- Mais là n'est point tout, comme vous le savez, joutes ont aussi été organisées en Marchiennes. Et, lors de celle-ci, nombres de chevaliers, de dames et de nobles ont éprouvé leur bravoure. Les, vous voir si nombreux me fut également un remarquable présent, même si je fus forcé à leur fausser compagnie trop rapidement à mon goût mais trop lentement à celui de ma dame." Sourire taquin vers la comtesse. "Et le vainqueur fut le chevalier de Pardaillec. Ami des combats et des plaisirs, veuillez, je vous prie, faire votre avancée parmi nous et quitter pour quelques instants votre neuve épouse."