Mais qu’est-ce qui lui avait pris de quitter ainsi l’orléanais douillet et sa vie bien réglée. Que fuyait-elle ? Que cherchait-elle ? Est-ce qu’elle le savait seulement. Et pourquoi les Flandres, cette province qui l’attirait irrémédiablement. Une province qu’elle ne connaissait pratiquement pas hormis par le biais des rapports diplomatiques qu’elle rédigeait régulièrement. Même les quelques lettres qu’elle échangeait avec son frère la laissaient dans une sorte de frustration.
Le printemps qui restait automnal par les pluies et la fraîcheur accentuait cette sensation. Les ondées la rendaient mélancolique et lorsqu’elle se mettait à la fenêtre pour regarder le ciel qui pleurait, son esprit partait là-bas vers ses contrées qu’elle n’avait vues que deux fois.
Ce fut un soir de juin qu’elle prit sa décision. Non elle n’attendrait pas et pour ne pas entendre les recommandations des uns et les doutes des autres, elle n’en parla à personne.
Voilà comment quelques semaines plus tard elle se trouvait sur les chemins flamands, assise sur le banc de la carriole, tenant d’une main ferme les rênes. Elle sentait au travers elles la fatigue de sa jument et elle préférait oublier la sienne.
Juin avait tenu ses promesses ici comme à Orléans : les pluies ne l’avaient pas épargnée et elle avait eu plusieurs fois envie de faire demi-tour.
Ce jour avait été particulièrement éprouvant et le soir tombait trop vite à son goût surtout qu’elle n’avait pas encore trouvé d’endroit où passer la nuit. A vrai dire, elle refaisait le chemin dans sa tête. Oui elle avait du prendre la mauvaise direction quelques lieues auparavant et elle ne voulait pas se l’avouer encore mais de nombreux indices montraient qu’elle s’était égarée.
Elle voyait le soleil qui baissait sans que rien ne puisse l’en empêcher, le ciel était bas, les nuages menaçants et la forêt semblait immense. En verrait-elle la fin ?
Petit à petit les arbres se firent plus rares et enfin son équipage roulait sur une route pierreuse. « Pourvu qu’en plus je ne casse pas une roue avec ma chance » se dit-elle un peu découragée. Pourtant ses yeux crurent voir au loin une sorte de forteresse qui se dégageait sur l’horizon et son cœur se mit à battre un peu plus fort. Aristote ne l’abandonnait pas et sans doute qu’elle trouverait là hébergement dans un coin d’écurie pour elle et sa jument. Elle connaissait de réputation l’accueil flamand et était persuadée qu’on ne la laisserait pas dehors. S’il fallait elle offrirait ses services de médecin.
Fleur avait du sentir l’excitation de sa maîtresse lorsque celle-ci claqua la langue pour la faire avancer un peu plus vite. La jument allongea le pas sentant sans doute l’odeur du foin et la chaleur d’une écurie pour elle.
Encore quelques mètres elle pourrait s’annoncer. Quelques mètres qu’elle traversa sous une pluie certes petite mais plutôt froide. Le pont levis était baissé, la herse aussi. Elle cria pour faire venir quelqu’un, quelqu’un qui l’avait peut être vue arriver et qui viendrait vite avec lanterne et la promesse d’un couvert et d’un lit.
Hola !!!!!! Y a-t-il quelqu’un ??????