Retour d'une Peste perdue sans son Maistre

[Dans la forêt, juste après un petit jeu]

Les passes avec l’envoyeur s’étaient succédées mais pas assez vite pour la Peste. Le Grand Maistre venait d’être emmené et il fallait ne pas en perdre la trace, le rattraper au plus vite.
Malheureusement, le temps que le petit jeu avec son nouveau jouet se termine, il ne restait à la Gamine que la direction qu’ils avaient prise en quittant la clairière.
Sans réfléchir, elle se précipita à leur suite.

Première intersection… Premier problème.
Par chance, une branche cassée, puis un peu plus loin quelques gouttes de sang. Elle suivait la bonne piste et reprit sa course.

Deuxième intersection, çà se gâte.
Cette fois, aucune trace.
Zalina hésite, fait quelques pas dans l’une des directions, revient, puis s’élance sur le second chemin des sous bois. Après plusieurs lieues, le regard balayant de droite à gauche, de gauche à droite, à la recherche du moindre petit indice, elle fit demi tour. Rien de ce coté, essayons l’autre sentier.
Mais là aussi, pas la moindre trace. Retour à la seconde intersection.
Droite ? Gauche ?

Maiiiiiiiiiitre !!!!

Premier cri auquel seul le vol de quelques oiseaux apeurés répond…

Maiiiiiiiiiiiiiiiiiitre !!!!

Attente… et toujours aucune réponse, aucune indication.
Zalina tombe à genoux. Que cette forêt lui parait froide et menaçante d’un coup, perdue au milieu de lieux qu’elle ne reconnaît pas, perdue sans son guide.

Guiiiiiiiilllllllllllauuuuuuuuume !!!!!

Première fois qu’elle l’appelle par son prénom. Mais pas plus de réponse que les deux premiers appels.
Et la nuit s’avançait. Dans quelques minutes, il ferait trop sombre pour qu’elle retrouve la clairière où elle avait laissé Totox. Il fallait rebrousser chemin. L’abandonner… pour un temps et aller chercher de l’aide, des personnes qui connaissent les lieux, des chiens qui sauraient retrouver leur trace. LE retrouver.
L’abandonner, pour avoir une chance de le retrouver rapidement. La seule idée de rentrer sans lui provoqua une inondation sur les joues de la jeune femme. Elle laissa couler les larmes un instant et finit par se redresser pour revenir sur ses pas.

Le Papy Totox n’avait pas bougé, toujours inconscient derrière son cheval. Son gros compagnon avait prit la fuite derrière la bande du Germain. Mais une surprise l’attendait tranquillement, le nez dans une touffe d’herbe. L’étalon de Guillaume s’était décidé à revenir sur les lieux de sa faute.
Zalina attrapa les rênes et lui donna une tape sur le chanfrein.

Tu es fière de toi ? Tu as abandonné ton Maistre sans même lui laisser le temps de prendre son épée !
Tu as de la chance que j’ai besoin de tes pattes pour rentrer au plus vite à Marchiennes avec le Papy. Si jamais on le retrouve mort, tu le suivras de l'autre côté, fais moi confiance !

L’étalon protesta mais la Peste le tenait fermement et il ne réussi pas à s’échapper une seconde fois.
Elle l’approcha de Totox qu’elle tira et tenta de soulever.

Nom de Diou !! Papy !!! Fais un régime !!!
A la une… A la deux… A la trois !

Le Papy balancé au travers de la selle, Zalina sauta sur la croupe et lança le cheval au galop sur la route de Marchiennes.

[Au poste de garde]

Guillaume avait annoncé une ou deux bonnes heures pour arriver au Castel, le trajet retour fut finalement parcouru en un peu moins d’une seule. Mais c’est un étalon couvert de sueur qui arriva au poste de garde au beau milieu de la nuit.

Ola du Château !!! Zalina, Ecuyère de Guillaume de Jeneffe demande à entrer.
J’ai un homme blessé et un autre à rechercher. Prévenez votre Capitaine, vissa. Le Maistre a été enlevé !!!
Lâchez vos servantes et ramenez votre fondement !!! Grouillez !!!
Et... amenez moi du parchemin et de l'encre... Faut prévenir Ma Dame.

Quoi qu’à bien y réfléchir, Zalina préfèrerait que ce soit quelqu’un d’autre qui se charge de cette partie. Annoncer des mauvaises nouvelles, ce n’est déjà pas sa tasse de thé. Alors annoncer à Daresha que son époux a été kidnappé et qu’elle n’a rien fait pour l’en empêcher… Comment va-t-elle faire ?

Un garde finit par pointer le bout de son nez et avec lui une servante avec qui il devait être occupé. Ces Flamands, je vous jure…
L’alerte fut donnée et ce fut rapidement une armada qui arriva au poste de gardes.
Pendant que la servante s’occupait de faire porter Totox, toujours inconscient, dans une chambre pour qu’il récupère un peu avant de prendre le chemin de son domaine, Zalina expliqua rapidement ce qui c’était passé au Capitaine de la Garde.

Je les ai suivi jusqu’à la seconde intersection. En repartant de la clairière, vous prenez le premier chemin à dexte, plus à la première croisée, celui de senestre. Après…
Prenez des chiens et allez y vite. Le temps se couvre et une fois la pluie tombée, on ne retrouvera plus rien. Les chiens non plus.
J’dois… Je préviens la Comtesse. Partez devant. Je vous rattrape dès la missive envoyée.

Sans attendre une quelconque remarque quant au fait, totalement véridique, qu’elle n’avait aucune autorité pour leur donner des ordres, la Peste remit la monture en marche jusqu’au Castel. Elle n’avait peut être aucune légitimité en ces lieux, mais une Peste en colère vaut bien une Rose Impériale en temps de paix. La Rose en tant de guerre n’a pas son pareil.

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